Ce texte est la traduction de cette page. Il s'agit du résumé d'un article médical fait par deux chercheurs, et est assez technique. N'étant ni traducteur ni biologiste, j'ai fait au mieux. Néanmoins, ayant suivi quelques cours de biologie lors de mon cursus universitaire, cette traduction ne devrait pas comporter de contre-sens. Approximative par moment, mais pas totalement fausse, en clair.

Un grand merci à Phil pour son aide pour cette traduction, notamment de quelques termes très techniques. Les NDPhil sont ses notes.

Les Biofilms bactériens et la prostatite

Dans un article intitulé "Bacterial Biofilms in Urology", les chercheurs en urologie font part de leur hypothèse qui pourrait expliquer que, bien que les cultures classiques ne montrent aucune bactérie, et que des antibiotiques puissants aient déjà été prescrit aux patients souffrant de prostatite, une infection bactérienne puisse néanmoins être présente, et puisse créer les problèmes que l'on sait.

Les auteurs sont J. Curtis Nickel, MD, Kingston General Hospital, Queen's University, Kingston, Ontario, Canada et Robert J.C. McLean, PhD, Southwest Texas State University, San Marcos, Texas, USA. Leur article a été publié dans le journal Infectious Urology 11(6):169-175, 1998. Cet article est disponible à l'adresse http://www.medscape.com/SCP/IIU/1998/v11.n06/u3004.nick/u3004.nick-01.html.

Les auteurs indiquent, dans leur préambule, que "les biofilms (NDT: biofilm signifie littéralement pellicule biologique. Puisque ce terme semble être inventé par ces chercheurs, je l'ai laissé tel quel) bactériennes jouent un rôle important dans la pathogénèse, la persistence, et les éventuels traitements des infections de l'appareil urinaire", y compris la prostatite. Ils notent que "la théorie du biofilm bactérien décrit la population bactérienne dans les milieux naturels and pathogènes dans les termes de population bactérienne flotantes ou "planctonique", intéragissant avec une population "sessile" (NDT: définition de "sessile" par Phil : en biologie, "non relié à un substrat", ou à un pédoncule. C'est une notion biologique assez complexe pour un profane) comprise dans une matrice plus importante, associée avec ou adérante à une surface."

Nous allons examiner leur théorie, et expliquer les parties se relatant à la prostatite.

Bien que "l'appareil urinaire soit un terrain hostile aux bactéries", les infections peuvent néanmoins apparaitre quand les bactéries remontent l'urêtre depuis son début, d'après les auteurs. "L'infection a lieu quand la virulence bactérienne devient plus importante que les nombreuses défenses de l'hôte." Le concept de "biofilm" en explique le fonctionnement.

En expliquant le concept de "biofilms", les auteurs notent que les biofilms peuvent être observés au microscope dans un grand nombre d'infections de l'appareil urinaire. Les bactéries s'accrochent à la surface de l'appareil urinaire, et, au fur et à mesure de leur multiplication, "s'étendent à sa surface".

"Au fur et à mesure de la croissance des cellules adhérantes, elles forment des microcolonies encapsulés, qui sont de petits amas de cellules morphologiquement semblables (environ 2 à 10 cellules), collées les unes aux autres. La croissance de ces microcolonies les unes vers les autres conduira au développement d'un biofilm mature."

Les auteurs définissent les bactéries "Sessile" comme étant des bactéries collées de façon permanente à ces films. Elles se comportent différement des bactéries libres ou "planctoniques". Les bactéries attachées sont plus résistantes aux antibiotiques et aux réponses immunitaires du corps humain pour les auteurs. Ces bactéries créent également leur propre environnement comme les calculs ou pierres urinaires. Elles peuvent s'étendre à d'autres organes comme le rein.

"D'un point de vue clinique, la résistance aux antibiotiques est la caractéristique la plus problématique et la plus remarquable des biofilms", remarquent les auteurs. "Les cellules flottantes, ou planctoniques de ces systèmes sont complètement éradiquées par les doses d'antibiotiques prédites par les études des laboratoires." Mais il faut des doses cent fois supérieures d'antibiotiques pour éradiquer les bactéries sur un biofilm.

Les auteurs émettent l'hypothèse que soit les antibiotiques ne peuvent pénétrer les biofilms, soit les bactéries d'un biofilm voient leur activité métabolique diminuée et qu'elles n'absorbent plus les toxines antibiotiques, se protégeant alors en dormant. Les auteurs expliquent que les études détaillées au microscope des structures des biofilms indiquent que les cellules bactériennes présentes dans différentes parties du biofilm (en d'autres termes, "plus éloignées" des antibiotiques ou des réponses immunitaires) se comportent différement.

Les auteurs s'étendent considérablement sur le rôle des biofilms dans les infections associées aux cathétères. Ils expliquent qu'une grande variété de micro-organismes, y compris des champignons, peuvent être trouvés, et que "seule une petite partie des micro-organismes, y compris les champignons, pouvant être identifiés par scanner ou par microscope à balayage électronique, ne sont pas repérables par les méthodes traditionnelles de culture." Les auteurs notent également que "les nouvelles recherches sur les biomatériaux pourraient permettre la mise au point de nouveaux matériaux pour les cathéters qui réduiraient l'attachement aux biofilms, et qui augmenteraient la biocompatibilité avec les muqueuses. Les nouveaux antibiotiques développés à l'heure actuelle pourraient pénétrer les biofilms bactériens."

Les pierres (calculs) de l'appareil urinaire sont un gros problème en urologie, et les auteurs émettent l'hypothèse que les biofilms bactériens jouent un rôle clef dans la formation de ces pierres. "Il a été émis l'idée que le mode de croissance du biofilm bactérien et sa matrice organique (EPS (NDT: désolé je ne connais pas l'équivalent français s'il existe d'un EPS)) des biofilms bactériens pourraient être des éléments cruciaux dans le processus de crystallisation nucléique, en créant un micro-environnement saturé de métaux alcalins (Ca et Mg)."

Non seulement ces pierres sont un problème en soit, mais ils contiennent également des bactéries. "Chaque calcul résiduel ou déplacé contiendrait des organismes viables, et pourrait de ce fait agir comme un germe dans le développement rapide de nouveaux calculs."

"La connaissance de la formation des calculs struvite (NDT: struvite est un type de calcul, je n'ai aucune idée de la traduction en Français, il s'agit apparement d'un terme médical très précis. NDPhil : c'est dirait-on un minéral spécifique composé de nitraites et de manganèse (mg)) pourrait permettre l'utilisation de traitements spécifiques, tel que les inhibiteurs d'uréase (NDT: l'urease est une enzyme, NDPhil : enzyme jouant un rôle de catalyseur de l'urée et présente dans les intestins), et pourrait aussi souligner l'absolue nécessité de retirer tous les fragments minéraux et d'éradiquer tous les organismes associés avec une infection de l'appareil urinaire. Sinon, les calculs peuvent et vont revenir."

En ce qui concerne la prostatite chronique bactérienne, les auteurs notent que "les recherches actuelles sur le lien entre les biofilms bactériens et la prostatite chronique pourraient dévoiler certains mystères entourant cette maladie, et devraient nous aider à rationnaliser les diagnostiques et les traitement proposés."

Ils expliquent aussi comment les bactéries sont à l'origine du processus de prostatite. "Une fois que les bactéries entre dans les canaux et les acinis de la prostate, elles se multiplient rapidement, induisant une réponse de l'hôte, se traduisant par l'infiltration de cellules inflammatoires aïgues dans les canaux. Dans la prostatite bactérienne aïgue, l'ensemble de la prostate, ou tout du moins sa majorité, est impliquée dans le processus inflammatoire."

"Les canaux sont alors engorgés d'un mélange de bactéries vivantes et mortes, ainsi que de cellules inflammatoires vivantes ou mortes, de cellules épithéliales desquamatées (NDT: de desquamation ie l'élimination des couches superficielles des cellules), et de débris cellulaires. A ce stade de l'infection, et puisque la majorité des cellules sont planctoniques, il est assez facile d'éliminer ces organismes par des antibiotiques appropriés, jusqu'à la résorption complète du processus inflammatoire."

Néanmoins, "si des bactéries restent après l'inflammation aigue, ou, plus exactement, après l'inflammation aigue clinique (NDT: ie après qu'on ait l'impression que ça soit passé), elles peuvent former des microcolonies ou des microfilms dans les canaux afférents à l'épithélium." En d'autres termes, une prostatite chronique.

"Ces bactéries produisent aussi un limon d'exopolysaccharides, ou glycocalyx (NDT: terme anglais, le terme français doit être plus ou moins identique), qui enveloppe ces microcolonies, et il semblerait que ces microcolonies deviennent alors dormantes, entrant alors en "hibernation" dès que l'environnement devient menaçant. Autour de ces sites de persistence bactérienne se trouvent des invasions de lymphocites, avec des infiltrations variables des cellules du plasma et des macrophages. Il semble que la persistance de ces bactéries dans la prostate au coeur de ces biofilms entraine une stimulation immunitaire permanente, et, en conséquent une inflammation chronique." (NDT: je sais pas vous, mais ça semble décrire très exactement ce que je ressens et observe sur moi-même, des poussées de fatigue, de ganglions, de douleurs...)

En d'autres termes, quand les bactéries à l'intérieur de la prostate sont protégées des antibiotiques et du système immunitaire par leur présence au sein d'un biofilm, vos cellules immunitaires ne cessent d'essayer de les éradiquer. Et, puisque les cellules immunitaires sont présentes en permanence et bouchent la glande, l'inflammation devient chronique.

Les auteurs notent que les analyses microbiologiques des fluides prostatiques sont "la clef du diagnostique", mais admettent que la plupart des médecins ne les pratiquent pas. C'est difficile et onéreux, et l'utilisation des antibiotiques tend à éliminer les bactéries planctoniques, qui sont celles qui rendent les cultures "positives". Les bactéries au sein des microfilms ne sont pas éliminées aussi facilement. Les auteurs indiquent que les biopsies des patients à cultures négatives confirment cela.

Pire, l'inflammation des tissues prostatiques, du fait de l'infection, semble empêcher les antibiotiques de pénétrer, d'après des études sur les rats.

Les auteurs conseillent de surveiller le décompte des cellules immunitaires dans le diagnostique de la prostatite chronique (NDT: dans mon cas, les taux des différentes cellules immunitaires font du yoyo, ce qui semble encore une fois confirmer la pertinence de la théorie). "Il semble que des diagnostiques immunologiques, basés sur l'hypothèse que bien qu'il est impossible de cultiver les cellules planctoniques, les organismes sessiles continuent de créer une réponse immunitaire mesurable, peuvent permettre la différenciation entre la forme non bactérienne et la forme bactérienne de la prostatite chronique."

"Les traitements à base de très hautes concentrations d'antibiotiques dans les biofilms eux-même des canaux prostatiques, théoriquement capable de meilleurs chances de succès (J.C. Nickel, papier non publié au moment de la rédaction du texte (NDT: cf le site prostatitis2000 dans la page de lien, développant lui aussi cette approche)) sont en cours de développement.", citent les auteurs. "Finalement, les massages répéters de la prostate, traitement historique de la prostatite, fait un comeback chez les praticiens. Les massages prostatiques réguliers drainent les canaux obstrués, et pourraient convertir les bactéries sessiles des biofilms en bactéries planctoniques plus sensibles aux antibiotiques, qui deviendraient alors possibles d'éradiquer avec les antibiotiques récents, plus puissants." (NDT: là encore, les théories de prostatitis2000 semblent être les mêmes)

Les biofilms sont associés à d'autres infections de l'appareil urinaire, d'après les auteurs, telles que les urétrites, les cystites, les pyélonéphrite (NDPhil : inflammation du bassin et du rein), et autres infections urinaires liées à des prothèses. "Ces infections sont non seulement résistantes aux thérapies anti-microbiennes, mais peuvent également être la cause de bloquages de vaisseaux vitaux, potentiellement mortels."

lu et résumé par Ken Smith